«Révolution silencieuse», un film-manifeste contre l’agriculture intensive

© Tipi’mages Productions

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Cinéaste suisse diplômée de l’École cantonale d’art de Lausanne, Lila Ribi réalise Révolution silencieuse, un documentaire sur le combat d’un agriculteur biologique vaudois qui sortira sur les écrans de Suisse romande le 25 janvier 2017. Le film lance un message aux producteurs et aux consommateurs qui ont le sentiment de se faire écraser par l’industrie agroalimentaire mais ne parviennent pas à s’en émanciper. 

 

Ekatérina Soldatova
13 janvier 2017

L’enjeu est de taille pour Cédric Chezeaux, agriculteur biologique du Jura vaudois, qui renonce à l’exploitation laitière familiale pour concrétiser son rêve: cultiver des céréales anciennes, en prenant le risque de compliquer encore davantage la situation financière de sa famille. Un défi? Plus que cela: un travail de Titan. Le point fort du documentaire réside dans le combat discret mais déterminé d’un paysan qui passe courageusement à l’acte pour réaliser son idéal.

Cédric Chezeaux prouve que le changement est possible par une transformation tout d’abord individuelle. Une métamorphose interiore homine qui appelle à un changement de mentalité des consommateurs, non seulement des producteurs. Car l’engagement doit être mutuel.

 
© Tipi’mages Productions

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Refuser l’agriculture intensive, c’est renoncer aux engrais chimiques ainsi qu’à la technologie industrielle à grande échelle. Le cultivateur qui entame sa révolution silencieuse doit alors entreprendre un chemin d’auto-qualification, s’il veut réussir à maîtriser des méthodes alternatives et à les rendre viables.

C’est le grand mérite de ce documentaire que de mettre l’accent sur cet aspect fondamental du défi titanesque que se lance Cédric Chezeaux. Tel le retour à une culture de semences anciennes, aujourd'hui en voie de disparition, que le paysan défend au nom de la biodiversité semencière «mise à mal par les géants agroalimentaires».

Pour Lila Ribi, le film n’a pas uniquement pour but d’inciter le spectateur à réfléchir sur ses habitudes de consommation. À travers Révolution silencieuse, la cinéaste souhaite aussi valoriser les personnalités qui sortent de l’ordinaire, notamment la femme du protagoniste, Christine Chezeaux, qui préconise l’école à la maison afin que ses enfants développent une façon de penser qui leur est propre.

Sensible à la nature et à la nécessité d’un changement profond des méthodes d’exploitation agricole, Lila Ribi ne s’arrête pas à la réalisation de ce film. Avec la participation de Francine Lusser et de Gérard Monier, de Tipi’mages Productions, et la collaboration de Krolstudio à Genève, elle a aussi conçu une bourse d’échange de graines et une carte géographique interactive pour prolonger cette révolution agricole silencieuse, pour le moment.

 
Ekatérina Soldatova