Débattre ou combattre?

 

 

William Irigoyen
15 janvier 2017

Certains journalistes politiques français n'ont pas eu de mots assez durs, le soir du 12 janvier, pour qualifier le premier débat télévisé organisé dans le cadre des primaires de la Belle Alliance Populaire qui ne sont pas, rappelons-le, celles de la gauche dans son ensemble mais «seulement» celle du Parti socialiste français et de ses alliés.

«Ennuyeux», «soporifique», «consensuel»..., les qualificatifs négatifs n'ont pas manqué. Trois jours plus tard, léger changement de tonalité: le deuxième grand oral aurait été, selon ces mêmes «spécialistes» de la chose publique, un peu plus «vivant», un peu plus «animé». Et ces mêmes d'espérer que le dernier rendez-vous d'avant premier tour, le 19 janvier, verra les différents protagonistes à la magistrature suprême se «rentrer dedans».

Pour que la politique soit captivante à la télévision, il faudrait donc que la scène se transforme en ring, que les uns et les autres sortent les gants de boxe et que pleuvent au plus vite les coups. Comme si la confrontation d'idées devait être nécessairement violente. Tout a pourtant été organisé pour rendre le plus «clivant» possible les «impétrants» auxquels les animateurs de service n'hésitent pas à demander — comble de l'ineptie — de répondre par un simple «oui» ou «non» à des questions complexes, au lieu de leur laisser le temps de complexifier les choses. Ne serait-ce pas le meilleur moyen de lutter contre le populisme?

Voilà donc l'enjeu selon les maîtres de cérémonie télévisuels: faire le spectacle. Quand information rime avec divertissement... pardon, «entertainment», pour reprendre un terme anglo-saxon qu'affectionnent tant les professionnels de la profession médiatique.

Et si ces représentants du journalisme audiovisuel changeaient enfin de logiciel?

 

 
ÉditorialWilliam Irigoyen