Relève?

 

 

 

William Irigoyen
12 mars 2017

Selon le ministère français de l’Intérieur, 47 millions de citoyens sont inscrits sur les listes électorales et pourront donc participer aux scrutins présidentiel (23 avril et 7 mai) puis législatif (11 et 18 juin). Pour 716 000 d’entre eux ce sera une première. Il s’agit de citoyens qui, cette année, ont atteint l’âge requis pour pouvoir glisser un bulletin dans l’urne.

L’ancien président Valéry Giscard D’Estaing l’avait abaissé, dès sa prise de pouvoir en 1974, de 21 à 18 ans. Aujourd’hui, certains responsables politiques veulent aller plus loin et se prononcent pour un droit de vote à 16 ans. Jean-Luc Mélenchon, le candidat de La France insoumise, a même inscrit cette mesure dans son programme.

À la fin de l’année dernière, le principal syndicat lycéen de l’Hexagone a organisé un référendum dans 300 établissements scolaires afin de sonder, sur cette question, l’esprit des principaux concernés. 62 % des personnes consultées ont dit «oui». Précision: ce vote n’a pas de valeur contraignante. Tant mieux, diront ceux qui redoutent l’arrivée de citoyens supposés «immatures», «irresponsables». Leur argument est-il pertinent?

Quand on voit ces nouvelles générations plus ouvertes sur le monde et qui manifestent un intérêt pour l’actualité, il est permis d’en douter, même s’il faut reconnaître que suivre l’information n’est pas forcément la comprendre et en mesurer les implications — cette remarque s’applique d’ailleurs à tous, quelle que soit la tranche d’âge.

Si jamais les jeunes n’ont pas tout saisi, alors soyons à leur écoute et tentons d’éclairer leurs lanternes citoyennes. Expliquons-leur par exemple que, cette semaine, un deuxième assistant parlementaire Front national au Parlement européen a été mis en examen. Que la cheffe de file du même mouvement autoproclamé «vertueux» a refusé, vendredi 10 mars, de se rendre à la convocation de la justice. Que le président du Sénat — deuxième personnage de l’État —, Gérard Larcher, a récemment demandé aux juges de «faire preuve de retenue» dans l’affaire Fillon.

Rappelons cela et n’oublions pas tous les autres s’ils bafouent les lois qu’ils contribuent pourtant à édicter. Oui, faisons œuvre de pédagogie et observons alors les réactions de nos jeunes interlocuteurs à l’écoute de tels faits.

S’ils restent muets, alors nous pourrons conclure qu’ils sont déjà gangrénés par le cynisme, cette plaie de la société contemporaine — pas seulement française. Si, au contraire, ils ne décolèrent pas et veulent en découdre alors accueillons avec la plus grande joie cette manifestation d’énervement. Cela prouvera qu’ils ont encore le feu sacré pour la République et la démocratie dont les fondements sont régulièrement attaqués par ceux qui devraient pourtant en être la vertueuse incarnation.

Primo-votants de tous les pays, unissez-vous pour mettre un coup de pied démocratique dans la fourmilière et empêcher que le tragi-comique ne se mue en dangereuse catastrophe. Et que votre mobilisation crée un mouvement de masse afin que s’enclenche dès à présent la rénovation politique dont ce pays a tant besoin, que cesse ce climat bien rance et cette fausse idée du «tous pourris». On ne cessera de le répéter: il y a des candidats bien plus honnêtes que les autres dans cette campagne.

Il n’est pas le seul mais c’est déjà un bon critère de choix.